ORIGINES DE LA LITTÉRATURE EN FRANCE

Non seulement le théâtre liturgique au IXe siècle (en latin d'abord, puis en langue vulgaire) sera la première forme de l'art dramatique, mais la poésie à son tour va naître sous le patronage des saintes et des saints. Si, en effet, on veut bien faire abstraction des Serments de Strasbourg (842) qui ne sont qu'un simple document historique, la première en date des œuvres proprement littéraires qui soit parvenue jusqu'à nous, est la « cantilène » ou mieux la séquence à la gloire de sainte Eula-lie (881), en 28 vers assonancés: Buona pulcella fut Eulalia/ Bel avret corps, bellezour anima.

Au siècle suivant les autres témoignages écrits en langue romane ressortissent eux aussi à la poésie hagiographique : une Vie de saint Léger (500 strophes de six vers, composés en 950 environ), une Passion du Christ en 130 quatrains (980 environ), La Vie de sainte Foi (celle-ci écrite en dialecte méridional, 1030 environ) et La Vie de saint Alexis en 120 strophes de cinq vers (1040 environ) attribuée au chanoine Thibaut de Vemon. Mais déjà Le Voyage de saint Brendan (1020 environ, attribué à Bene-deit) conduit la littérature édifiante doucement vers l'« Île aux raisins » et l'« Île plongeante », c'est-à-dire en direction du récit d'aventures lointaines, lequel va aboutir bientôt à la littérature épique : les « chansons de geste » (voir ce mot).