MISTRAL Frédéric 1830-1914
MISTRAL Frédéric 1830-1914
Poète français né à Maillane, en Provence. Devrons-nous en cette circonstance (inversant la formule si fréquente dans les dictionnaires : « écrivain étranger d’expression française ») définir Mistral : écrivain français d’expression étrangère? Car enfin, cette langue qui fut celle des troubadours, les premiers en date des poètes de notre littérature, nous est inconnue (et volontairement telle) depuis déjà sept siècles; « étrange » aux oreilles du Français du nord de la Loire, depuis la Renaissance (et, même, un peu plus tard, à la majorité des Français du Sud). C’est André Berry qui nous le rappelle : « L’accession de Charles d’Anjou au comté de Provence en 1245 compléta les dégâts qu’avait dû causer, en Languedoc, le déclenchement de la croisade des Albigeois en 1203 [...] Le coup mortel devait être porté par la réunion du Languedoc à la couronne de France en 1271. [Dès le XVe siècle] les abus grandissants du pouvoir royal jouaient moins que la décrépitude d’une langue persécutée. » À quoi bon, par conséquent, le prix Nobel de littérature donné au Français Mistral en 1906 pour l’ensemble de ses œuvres? (Et peut-être pour son entreprise de résurrection d’une langue dite elle aussi française, jadis?) À quoi bon, puisque ces poèmes dont les Provençaux savent la grandeur et la beauté, ces épopées de Mireille (1859) et de Calendal (1867), sont pour nous langue étrangère et puisque leur saveur nous échappe ? [Voir aussi l’article « Troubadours ».]
■ Œuvres - En poche: Mireille, éd. bilingue [français-provençal] par C. Rostaing (Garnier-Flammarion). - Autres : A. Van Bever, Les Poètes du terroir, XVe-XXe siècle (Mercure de France, 1912). - C. Rostaing et J. Pellissier, Mistral au jour le jour (Orphys, Gap, 1967). - B. Gavalda, Lamartine et Mistral (Les Belles Lettres, 1972).