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galanterie. La galanterie est une valeur mondaine du milieu du XVIIe siècle : elle est à la fois un phénomène de société, lié à l’essor des salons et de la vie mondaine, et un phénomène littéraire, qui promeut les genres nouveaux (recueils collectifs de poésie, romans héroïques et nouvelles galantes). Un texte théorique illustre cette esthétique : il s’agit du Discours que Paul Pellisson (1624-1693) a placé en tête des Œuvres du poète Jean-François Sarasin (1614-1654), en 1656. Pellisson y défend les valeurs de l’enjouement et du naturel, montrant qu’elles permettent l’union réussie du « génie des lettres » et du « génie du monde » : c’est-à-dire que la littérature quitte le domaine des spécialistes (les « doctes ») et s’ouvre au public le plus large. Il loue aussi la diversité des genres pratiqués par Sarasin, et cette valeur demeurera une exigence majeure des auteurs « classiques », qui craignent avant tout d’ennuyer leur public. Les petits marquis ridiculisés par Molière nous montrent a contrario ce que signifiait l’art de plaire proclamé si haut par les écrivains galants : le raffinement langagier et le goût pour les formes mondaines de la littérature, où les ouvrages s’écrivent dans le dialogue et dans l’échange amical, préparaient le public des années 1660-1670 à apprécier les subtilités de Phèdre ou les analyses raffinées de La Princesse de Clèves.

gayetés. On voit paraître au xvie siècle des recueils poétiques portant ce titre, comme celui d’Olivier de Magny (1554). Il doit beaucoup au Livret de Folastries publié un an auparavant par Ronsard sous l’anonymat. Celui-ci a conservé un certain nombre des pièces qui le composaient et qu’il redonne au public, en 1584, sous le titre de Gayetez, qui forment une section des Œuvres complètes. Les recueils portant ce titre possèdent en général une inspiration licencieuse, voire franchement érotique, et renouent avec une certaine forme d’inspiration païenne. Leurs auteurs se veulent satiriques (on écrit le plus souvent « satyriques », par allusion aux satyres de l’Antiquité) et réclament la liberté dans la vie et dans l’art, au grand scandale des autorités catholiques ou protestantes. Voilà pourquoi, le plus souvent, ils ne signent pas leurs productions. Cette veine d’inspiration perdure au début du XVIIe siècle, à l’époque du libertinage.


générale (répétition). La générale est la dernière répétition d’une pièce ou d’un opéra, au cours de laquelle on procède à un « filage » (le texte est dit sans interruption), en costume, dans les décors définitifs, avec les éclairages et la musique s’il y a lieu. Le metteur en scène est placé à une table discrètement éclairée à peu près au milieu du parterre. On invite à la générale seulement des amis, ou des camarades.


genre épistolaire. La lettre n’est pas seulement un moyen de communication. Elle est aussi, depuis l’Antiquité, un genre littéraire à part entière (Epîtres de saint Paul, correspondance de Cicéron, Lettres à Lucilius de Sénèque). La lettre n’est pas alors un document destiné à une communication entièrement privée mais à une lecture plus large (les Lettres de Mme de Sévigné). Les lettres peuvent aussi jouer sur une fiction partielle, portant sur l’énonciation, et correspondre à la mise en forme d’un traité (Diderot, Lettre sur les aveugles), d’une œuvre théorique et polémique {Lettre à d'Alembert de Rousseau). Parfois elles constituent une fiction totale, un roman. De nombreux romans, surtout au XVIIIe siècle, ont adopté la forme épistolaire. Tantôt ils ne présentent qu’un scripteur, ce qui correspond à une forme monodique {Lettres de la Marquise de Crébillon fils, La Vie de Marianne de Marivaux), tantôt ils se donnent comme une correspondance complète, mise en ordre {La Nouvelle Héloïse de Rousseau, Les Liaisons dangereuses de Laclos, Aline et Valcour de Sade). Le genre épistolaire permet alors la multiplication des points de vue mais aussi, à une époque où le roman a mauvaise presse auprès des autorités politiques et religieuses, la dénégation de sa nature romanesque.


genre historique. C’est le grand genre en prose, selon la tradition rhétorique (Cicéron l’appelle « le chef-d’œuvre oratoire »), car il est l’équivalent de l’épopée dans la hiérarchie des genres. Son influence aux XVIe et XVIIe siècles a été déterminante dans l’histoire de la prose narrative, car il a été le modèle de l’écriture du roman héroïque, avec notamment les exemples qu’il donne du style narratif (style simple et clair), de l’art de la harangue (les longs discours que font les héros au moment d’agir) et des descriptions (descriptions de lieux, de palais ou de paysages) : il mêle tous les genres oratoires (judiciaire dans la narration, délibératif dans les harangues et démonstratif dans les descriptions) et permet l'usage de tous les niveaux de style. Mêlé à l'influence du roman grec (Héliodore, Achille Tatius, Longus) et aux souvenirs de l’épopée renaissante {Amadis, 1540 pour la traduction française du Livre I), il est à la source de l’écriture romanesque baroque. Ce sera encore vrai à l’époque romantique, où le genre, remis à l’honneur par Walter Scott (Ivanhoé, Quentin Durward}, aura une influence déterminante sur Balzac, Hugo ou Vigny.


genre métrique. On appelle genre métrique la distinction entre rimes masculines et rimes féminines. Les rimes féminines, dont la dénomination est due au fait que l’e termine la majorité des noms et adjectifs féminins, sont celles qui se terminent par une syllabe en e caduc suivi ou non d’un -s ou de -nt. Cette syllabe, qui a pu être prononcée en ancien français et qui a toujours sa note propre en musique, est appelée « surnuméraire » parce qu’elle n’entre jamais dans le décompte métrique. Les vers masculins ne comportent pas cet e. La question n’est nullement celle du genre des mots en finale de vers. Un vers à rime féminine ne peut en aucun cas, dans la prosodie qui va jusqu’à la moitié du XIXe siècle, être apparié avec un vers à rime masculine. C’est pourquoi l’alternance est d’usage dès les premiers temps de la rime, mais elle n’est recommandée explicitement qu’au XVe siècle par Jean Molinet. On trouve cependant encore au xvie siècle des poèmes ou des fragments de poèmes entièrement à rimes masculines ou entièrement à rimes féminines.

genre sérieux. La dénomination « genre sérieux », inventée par Diderot dans ses Entretiens sur le Fils naturel, et reprise par Beaumarchais dans l’Essai sur le genre dramatique sérieux, qualifie des comédies ou des pièces de théâtre qui ne sont ni des tragédies (parce qu’elles portent à la scène des personnages contemporains, de condition privée, dans une action sérieuse, mais qui n’entraîne pas forcément un péril de mort pour les héros) ni des comédies pures (parce quelles ne visent pas à provoquer le rire ou même le sourire chez les spectateurs). Diderot distingue encore la comédie sérieuse de la tragédie domestique. La notion de genre sérieux recouvre en réalité, dans les textes du XVIIIe siècle, l’ensemble des genres « intermédiaires » entre la tragédie et la comédie : drame, drame bourgeois, tragédie bourgeoise, tragédie domestique, comédie sérieuse.


genres littéraires. On a proposé, depuis l’Antiquité grecque, différentes typologies des textes littéraires. Dans sa Poétique (vers 344 av. J.-C.), Aristote, qui ne prend en compte que les œuvres en vers, établit un partage durable entre l’épique (l’épopée d’Homère), qui relève du narratif, et le dramatique (tragédie, comédie), qui raconte de manière plus directement mimétique ; mais comme toute littérature relève pour lui de l’imitation des actions, Aristote ne traite pas de la poésie lyrique, qui n’est prise en compte qu’au XVIIIe siècle, où peut alors se constituer la célèbre distinction entre, l’épique, le lyrique et le dramatique. Triade repensée ensuite par le romantisme et par Hegel (qui professe son Esthétique à partir de 1820) sans référence désormais à l’imitation si fondamentale encore pour l’époque classique : la poésie lyrique est alors liée au subjectif (c’est l’expression d’un Je), la poésie épique à l’objectif, la poésie dramatique combinant le subjectif et l’objectif. Mais l’effacement progressif du vers rendait problématique ce large usage du terme de poésie et dès le XIXe siècle apparaît la classification que nous connaissons entre le théâtre, la poésie (qui n’est plus que lyrique) et le roman (qui n’avait aucune place jusqu’ici dans le partage hérité d’Aristote, où désormais il prend celle de l’épique) - à quoi s’ajoute l’essai. Ce qui n’interdit bien sûr ni la prise en compte des genres mineurs (l’autobiographie) ni celle des sous-genres ou des formes souvent mixtes (autofiction).

geste (n. f.). Au Moyen Age, ce terme, qui désigne étymologiquement des hauts faits (neutre pluriel latin gesta, devenu féminin singulier), est employé pour désigner l’ensemble des exploits d’un héros rapportés par un ou plusieurs poèmes épiques (cf. chanson de geste). Son équivalent en français moderne est « cycle ». Ainsi Bertrand de Bar-sur-Aube écrit, dans le prologue de la chanson de geste de Girart de Vienne : « N’ot que trois gestes en France la garnie », avant d’énumérer la Geste du roi, la Geste de Garin de Monglane (c’est-à-dire le cycle de Guillaume, ce dernier étant l’arrière-petit-fîls de Garin) et la Geste de Doon de Mayence (ou des vassaux rebelles). Le terme de geste désigne également le lignage du héros célébré dans la chanson ou le cycle épique.

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