Devoir de Français

Arbalète (L')

Arbalète (L'). Maison d’édition fondée en 1941 par Marc Barbezat, dont elle portera le nom à partir de 1958. Elle se situe dans la continuité de la revue L'Arbalète. On y retrouve les auteurs publiés dans la revue, Artaud, Michaux, Dubillard (notamment les fameux Diablogues en 1976), ou le jeune poète Olivier Larronde dont toutes les œuvres figurent au catalogue. Mais le renom de la maison L’Arbalète, dont la production reste minime (une cinquantaine de titres), demeure principalement attaché à celui d’un seul écrivain, découvert dès 1943 par l’éditeur et son épouse, la comédienne Olga Kechelievitch, alors qu’il était totalement inconnu et se trouvait encore en prison : Jean Genet, dont Marc Barbezat imprime l’unique roman qui n’ait pas été publié anonymement et dans la clandestinité, Miracle de la rose (1946). Durant près d’un demi-siècle, de 1945 à 1994, en dépit des multiples contrats signés par l’auteur du Journal du voleur avec d’autres maisons, et malgré la publication de ses Œuvres complètes chez Gallimard à partir de 1951, L’Arbalète a fait paraître la majorité des ouvrages de Genet, notamment la quasi-totalité de son œuvre théâtrale, depuis Les Bonnes (1948) jusqu’aux dernières pièces de théâtre, exhumées après la mort de l’auteur (Elle, 1989 ; Splendid’s, 1992 ; Le Bagne, 1994). En 1997, le fonds de la maison d’édition est racheté par les éditions Gallimard.
-► « Comment je suis devenu l’éditeur de Jean Genet », dans Lettres à Olga et Marc Barbezat de Jean Genet, Éditions de l'Arbalète, Décines près Lyon, 1989.

Arbalète (L') (1940-1948). Revue créée à Lyon par Marc Barbezat, L'Arbalète doit aux circonstances qui ont présidé à sa création de porter le nom d’une arme (légère) : conçue à la fois comme une revue littéraire et un instrument de combat, durant l’hiver 1939, au début de la Seconde Guerre, par un jeune Lyonnais sous les drapeaux, elle voit son premier numéro paraître en pleine débâcle, en mai 1940. Démobilisé, son fondateur, Marc Barbezat, jeune pharmacien de vingt-sept ans, décide de se consacrer à acquérir pour sa revue d’abord, puis pour sa maison d’édition, une compétence de typographe et d’imprimeur. Il hérite quelques années plus tard d’une importante entreprise industrielle qui assurera la survie économique de ses activités éditoriales. Présentée comme biannuelle, L'Arbalète publiera, sans grande régularité, treize numéros (dont un double) en neuf ans. D’abord parrainée par Jean Wahl et René Tavernier (fondateur de la revue Confluences, où Barbezat publie ses premiers textes), imprimée en zone libre par l’éditeur lui-même pendant les années de guerre, elle reçoit vite l’appui et la collaboration d’auteurs voulant échapper à la censure allemande, comme Eluard, Aragon, Pierre Emmanuel ou Pascal Pia, qui y publie, en 1942, pour la première fois, les poèmes de Rimbaud figurant dans l’Album zutique. Albert Camus y fait également paraître, en 1943, un essai sur Kafka, extrait du Mythe de Sisyphe et Sartre des passages de L’Âge de raison ainsi que la première version de Huis clos. À partir de 1944, publiant les premiers textes non clandestins de Jean Genet, un numéro important consacré à la littérature américaine et des contributions d’Artaud, Claudel, Des Forêts, Jouhandeau, Olivier Larronde, Violette Leduc, Leiris, Queneau, Tardieu et Vian, L’Arbalète, désormais imprimée par les frères Audin à Lyon dans une luxueuse présentation, devient l’une des plus belles revues de l’après-guerre, à l’instar de Bifur qui fut son modèle. Elle disparaît en 1948, à son treizième numéro.