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anacoluthe anadiplose anagramme analepse analogie anaphore anisochronie annominatio annales

anacoluthe (n. f., du grec an, privatif, et akolouthos, « compagnon »). Rupture de cohérence syntaxique. L’un des groupes syntaxiques de la phrase reste sans ancrage grammatical. O Ciel ! Plus j'examine, et plus je le regarde, C'est lui. D'horreur encor tous mes sens sont saisis. (Racine, Athalie)


Anacoluthe. Rupture de construction qui est parfois une incorrection :
En vous remerciant, veuillez accepter l’expression de mes salutations mais qui peut être à mettre sur le compte d’une recherche stylistique ou d’un trait de syntaxe affective ou expressive :

Le jour s’est levé et qui ne permet pas de voir à plus de dix mètres autour de soi.

(Giono, Fragments d’un paradis)

Intrépide, et partout suivi de la victoire,
Charmant, fidèle enfin : rien ne manque à sa gloire.

(Racine, Andromaque)

anadiplose (n. f., du grec ana, « en haut, en avant », et diplosis, « redoublement »). Répétition, au début de l’unité suivante, d’un terme (ou d’un syntagme) qui clôt une unité linguistique ou poétique, comme entre ces deux strophes de la « Complainte des Blackboulés » de Jules Laforgue : [...] et qu'on Te nourrisse, horreur ! horreur ! horreur ! à la sonde. La sonde t'entre par le nez, Dieu vous bénisse !

anagramme (n. f., du grec ana, « en haut, en avant », et gramma, « lettre »). L’anagramme d’un mot est un autre mot obtenu avec les mêmes lettres dans un ordre différent, telles ces deux anagrammes qui se répondent dans la phrase de Rrose Sélavy de Robert Desnos : O mon crâne, étoile de nacre qui s'étiole.

Anagramme. Fabrication d’un mot à partir des lettres d’un autre mot, dans un ordre différent : Paul Verlaine / Pauvre Lelian. Dans un sens plus large, l’anagramme consiste à disséminer les lettres d’un mot dans un texte : Vivre aux humains est incertain (= Catherine) (Villon) Si l’on n’a pas d’indice sur le type de texte (qui comporterait par exemple un langage codé), ou sur la pratique de l’auteur, la recherche de ce deuxième type d’anagramme est subjective et dangereuse, et permet de retrouver pratiquement n’importe quel mot dans un énoncé.
• Starobinski J., Les Anagrammes de Ferdinand de Saussure, Paris, La Pensée sauvage, 1971. »

analepse (n. f., du grec ana, « en arrière », et lêpsis, « action de prendre »). Dans un récit, rupture de la ligne chronologique pour mentionner un événement qui s’est déroulé avant l’action considérée. L’analepse peut être fort brève (Un peu plus tôt, le nègre Ange Soleil avait tué sa maîtresse, J. Genet, Notre-Dame-des-Fleurs, 1948) ou très longue : elle constitue alors un récit enchâssé.

Analepse. Terme de narratologie qui désigne dans la mise en intrigue romanesque un retour sur des événements passés. C’est donc une anachronie. L’analepse manifeste un décalage entre l’ordre des événements dans la narration et l’ordre des événements dans le quasi-monde créé par le roman auxquels les premiers renvoient :
Sa femme, plus âgée que lui, était une créole toujours belle et lente comme un après-midi de fin juin.
Au début, on l’avait prise ici pour une sauvage, mais, pas du tout. Elle sortait, paraît-il, d’un couvent espagnol très célèbre qui donnait l’éducation supérieure à toutes les filles de bonnes familles du Mexique [...] (Giono, Un roi sans divertissement) La prolepse, qui manifeste le même décalage, est à l’inverse l’annonce d’événements, c’est une anticipation : Cette fois, Frédéric II prend le pas de course. C’est ainsi qu’il tombe tout à coup sur un village : dans lequel l’homme est en train d’entrer. Frédéric II dira exactement ce qu’il a pensé et ce qu’il a fait. Mais ils suivent paisiblement la rue [...] (Giono, Un roi sans divertissement) La prolepse est moins fréquente que l’analepse. On ne confondra pas avec l’analepse l’ellipse qui supprimant la relation de toute une série d’événements, permet un bond en avant sans retour, comme dans la prolepse. L’ellipse est une simple accélération du récit, qui affecte non l’ordre des événements, mais la durée, comme vers la fin de L'Education sentimentale de Flaubert : Il voyagea. Il connut la mélancolie des paquebots, les froids réveils sous la tente, l’étourdissement des paysages et des ruines, l’amertume des sympathies interrompues. Il revint. L’ellipse peut être explicite, si l’auteur la marque par une formule comme les années passèrent ou implicite. Ellipse, intrigue, narration, temps
• Genette G., 1973.


analogie (n. f., du grec analogia, « rapport »). L’analogie dans son sens général est la mise en rapport, par ressemblance. C’est pourquoi on appelle « figures d’analogie » les figures qui sont fondées sur un tel rapport : en particulier la métaphore, mais aussi la comparaison. Les stylisticiens et rhétoriciens préfèrent parler de similitude, terme moins équivoque dans la mesure où l’analogie est une notion employée en linguistique depuis l’Antiquité. anaphore (n. f., du grec ana, « de nouveau », et phérô, «porter»). On désigne par ce terme deux phénomènes de reprise totalement différents. On veillera en effet à ne pas confondre le sens rhétorique et le sens grammatical du mot. En rhétorique, l’anaphore est une figure de style définie par la reprise du ou des mêmes mots en ouverture de plusieurs propositions, vers ou paragraphes {Cœur qui as tant rêvé, / O cœur charnel, / O cœur inachevé, / Cœur éternel, Ch. Péguy, Quatrains, 1911). En linguistique, on regroupe sous cette étiquette toutes les formes de renvoi à ce qui a déjà été mentionné plus haut (grec ana) dans un texte. L’anaphore est généralement pronominale (« J’ai lu ton dernier roman, il est excellent ») ou lexicale (reprise du même mot avec un article différent, emploi d’un synonyme ou d’un hyperonyme : « J’ai lu le roman de Pierre. Ce livre est vraiment excellent»). Elle peut aussi se faire sur une base strictement associative (« J’ai lu ton dernier roman : quels monstres, ces gens ! »).

anisochronie (n. f., du grec an, privatif, isos, « égal », et chronos, « temps »). Recherche d’une irrégularité sensible dans la succession des groupes rythmiques, par exemple dans cette phrase nominale de Céline {Voyage au bout de la nuit) : Mon cœur au chaud (4), ce lapin (3), derrièr(e) sa petit(e) grill(e) des côt(e)s (8), agité (3), blotti (2), stupid(e) (2).


annales. Œuvres historiographiques qui consignent des faits année par année, sans les développer. Elles étaient originellement, aux viie-viiie siècles, de brèves notes inscrites dans les marges des tables pascales, et visaient à conserver le souvenir des événements marquants de l’année pour la communauté ; elles se sont ensuite émancipées de ce cadre rituel, mais ont toujours conservé la sécheresse et la brièveté de textes étrangers à toute perspective littéraire. Mais progressivement, en s’enrichissant, les annales ont tendu vers le genre de la chronique. Dans leur quasi-totalité, les annales médiévales sont en latin. annominatio (n. f.). Au Moyen Age, forme de répétition qui consiste originellement en une accumulation de diverses formes déclinées ou conjuguées d’un même mot (polyptote). Au sens large, l'annominatio peut porter sur des homonymes ou même sur des paronymes (parono-mase), voire confiner au jeu de mots. Ainsi, dans le Cligès de Chrétien de Troyes (1176), à propos de la naissance de l’amour lors d’une traversée maritime : Mes la mers l'engingne et déçoit Si qu'an la mer l'amor ne voit Qu'en la mer sont, et d'amer vient Et amers est li max quis tient. [Mais la mer l'abuse et la trompe, En la mer l'amour lui échappe,
Car ils se trouvent en mer, mais tout leur vient d’aimer, Et amer est le mal qui les tient.]





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