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Achard Marcel (1899-1974)

M. Achard en PierrotAchard Marcel (1899-1974). Né le 5 juillet 1899 à Sainte-Foy-lès-Lyon dans une famille de cultivateurs, il sera tour à tour monteur, ajusteur, représentant en papier carbone, souffleur et journaliste. En 1923, après deux échecs, il accède à la notoriété avec une farce poétique, montée au Théâtre de l'Atelier par Dullin : Voulez-vous jouer avec moâ ? qui met en scène une femme et trois hommes dans un cirque. À partir de cette date, il devient un personnage du Tout-Paris. Il donne avec succès Malborough s'en va-t-en guerre, monté par Jouvet à la Comédie des Champs-Élysées (1924), Jean de la Lune, superbement interprété par Louis Jouvet, Michel Simon et Valentine Tessier sur la même scène (1929). En revanche, le Théâtre-Français accueille assez tièdement La Belle Marinière. Mais les brillants succès de Domino en 1931, de Petrus en 1933, de Noix de coco en 1935 et du Corsaire en 1938 viennent compenser ce demi-échec. Après la Deuxième Guerre mondiale, les réussites d’Achard sont moins nombreuses et moins éclatantes, mais il faut mentionner Patate qui lui vaut en 1957 un nouveau succès. Au début de sa carrière, s’inspirant à la fois du Guignol lyonnais, du cirque et de la Commedia dell’arte, Achard emprunte ses personnages à ce monde fantaisiste. Même lorsqu’il s’en sera éloigné, ses héros garderont toujours la fraîcheur poétique, la jeunesse ingénue qui les caractérisaient dans les premières pièces et faisaient dire à Régis Gignoux que Marcel Achard « écrit une pièce comme il effeuillerait les pétales d’une marguerite ». L’amour est la grande affaire ou plutôt le grand jeu de l’existence de ses personnages. D’un côté les hommes, naïfs et tendres, un peu lunaires, de l’autre de séduisantes coquettes, dangereuses et infidèles, involontairement perverses. Par un étrange paradoxe, les vainqueurs de cette joute amoureuse sont les êtres les plus faibles, les hommes. Ainsi, dans Jean de la Lune, le candide Jeff, par sa bonté confiante, finit par désarmer la rouerie de Marceline : celle-ci a beau lui faire l’aveu cynique de ses infidélités, l’amoureux lui affirme qu’elle n’est pas ce qu’elle croit être ; sa force de conviction est telle qu’il finit par la faire coïncider avec l’image idéale qu’il en a. À une occasion cependant, Achard a traité un sujet inverse, dans Patate, où il peint la haine : le héros, qui a passé son existence à haïr l’homme qui lui avait volé sa femme, renonce à sa vengeance au moment même où il est en mesure de l’assouvir : il comprend que son bonheur n’est pas là. Marcel Achard est mort à Paris le 4 septembre 1974.

ŒUVRES. — Publiées à La Table ronde et chez Gallimard.

-► Jacques Lorcey, Marcel Achard, France-Empire, 1977.